Actualisée
le 9 avril 2011
Il n'y a qu'une façon pour conserver - au-delà des générations qui se succèdent - la possession des richesses naturelles et humaines d'un territoire préalablement conquis puis perdu. Il suffit de maintenir sur place une influence suffisante pour tirer les ficelles et ne pas perdre ce que les révolutions indépendantistes pensent leur avoir repris. C'est la voie qu'ont choisi la plupart des anciens colonisateurs à l'instar de l'Angleterre avec l'Inde ou de la France avec l'Afrique francophone.
De la colonisation violente à la coopération-assistanat post décolonisation, juste le temps de la déculturation des élites locales.
Après la violence de la conquête et l'asservissement des populations et des richesses locales est venu le temps de l'assistanat sous couvert de coopération "fraternelle" qui a suivi et accompagné la décolonisation contrôlée. Une condition était cependant nécessaire pour maîtriser le délicat passage de l'asservissement à la coopération-assistanat.
En effet, cette phase qui accompagne obligatoirement le passage par l'inévitable décolonisation impose que l'élite locale et les futurs dirigeants "libérateurs" aient été instruits dans les écoles du colonisateur pour que l'organisation qu'ils imprimeront à leur pays soit inspirée par les concepts politiques, économiques, administratifs et financiers nés et conçus chez ceux qu'ils remplacent. Ainsi, Gandhi a "libéré" l'Inde du joug anglais mais l'administration indienne fonctionne sur le modèle laissé par les britanniques. De même, les Etats africains francophones ont tous calqués leurs organisations, leurs droits et leurs systèmes économiques sur le modèle français. Leurs dirigeants sont tous passés par l'université française et si un exemple doit résumer cela, c'est celui de Léopold Sédar Shengor, chantre de la négritude et .... académicien français.
Dès lors, en ayant sélectionné et formaté les élites locales à sa culture de gouvernance, le colonisateur devenu le "grand frère" pouvait décider - notamment par l'intermédiaire des réseaux francs-maçons - de l'identité des dirigeants africains qui allaient devenir leurs interlocuteurs et mener la planification de leurs populations et de leurs richesses. Le tout en échange d'une reconnaissance protocolaire sur le plan international, de la bienveillante cécité sur leur enrichissement personnel et la garantie de la main mise "démocratique" sur leur pays.
C'est ainsi que dans la phase post décolonisation qui prend fin maintenant, les groupes industriels européens et en particulier français ont dirigé l'économie des pays africains tandis que le système de coopération, largement aidé par le FMI et la Banque Mondiale a produit la dépendance à la dette et assuré de fait la main-mise sur l'économie sociale et politique.
Après la colonisation impérialiste, voici la colonisation mondialiste
Aujourd'hui, alors que les conséquences de la coopération - notamment les liens entre les groupes industriels occidentaux et les élites politiques locales - entraînent le rejet populaire des dirigeants corrompus et un retour à la volonté d'autonomie ancestrale, c'est le système de la globalisation mondialiste voulu et promu par les dirigeants occidentaux qui se charge d'imposer des conditions supra nationales aux ex-colonies en échange de l'implantation de centres de production délocalisés, comme par exemple les centres d'appels ou la confection et de l'accueil sélectif en occident de leurs diplômés destinés à assurer la pérennité du système lors de leur retour au pays (1).
Suivant la même stratégie développée lors de la période de décolonisation, ce sont encore les élites locales qui sont sélectionnées en fonction de leur allégeance au nouvel ordre mondial afin de réaliser l'intégration de leur pays dans la mondialisation des règles financières, économiques et politiques conçues par et pour l'ancien colonisateur.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre les actuels remplacements démocratiques - donc non violents et habillés de légitimité - des roitelets installés par les ex-colonisateurs à la tête des pays africains par des élites africaines blanchies au harnais des organisations internationales dont le rôle a été de préparer et de structurer à ce nouvel ordre mondial. Ainsi au Libéria, l'élection à la présidence en 2006 de Mme Ellen Johnson-Sirleaf, formée à Harward, ancienne vice-présidente de la Citybank et ancienne responsable des prêts à la Banque Mondiale, présente le parfait profil du dirigeant apte à réaliser dans son pays d'origine la supra-colonisation du modèle mondialiste.
La seule voie du remplacement des élites formées ailleurs par celles issues de la culture ancestrale locale.
Hélas, l'achèvement de la déculturation des élites locales au profit de l'importation de conceptions extérieures qui ont entraîné l'asservissement à la dette et aux programmes des organismes internationaux (2) condamne le vrai développement et conduit à la famine alimentaire qui menace (3). Dès lors, l'évidence montre que la seule voie de salut pour l'Afrique - comme pour les autres pays dans la même situation - passe par l'autonomie des populations et des individus à exploiter seuls leurs talents et leurs richesses humaines, agricoles et naturelles en adéquation avec leurs cultures et traditions ancestrales.
L'Afrique, berceau de l'humanité, représente probablement la dernière chance de démontrer aux peuples de la planète qu'il est possible de s'affranchir du joug des "maîtres du monde" et de la spirale de la pauvreté pour peu que leurs vraies élites fassent entendre dans leurs pays l'indépendance de leur sagesse culturelle ancestrale et leur originalité qui permettent de bâtir la réelle autonomie que sont en train de condamner définitivement les fausses élites que les ex-colonisateurs n'ont cessé de leur imposer.
A lire:
Au nom de quel principe la France agit en
Côte d'ivoire, messieurs les intellectuels africains?
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
(1)
Voir l'article sur la volonté européenne
d'accueillir des immigrés diplomés et mon
commentaire: Accueil des immigrés
diplômés pour faire baisser les salaires en Europe
et exporter le modèle européen dans leurs pays.
(2)
Voir l'article sur la
prédiction de "la fin de la nourriture à bas
prix" de M. Schutter, rapporteur spécial des Nations unies
sur le droit à l'alimentation et mon commentaire: L'offre des technocrates: La famine par la
pénurie des denrées ou par leurs prix trop chers.
(3)
Voir l'article sur la flambée des prix des aliments qui
affame les pays
les plus pauvres et mon commentaire: Pénuries alimentaires
programmées et fabrication de "bouches inutiles".