Actualisée
le 7 avril 2011
En matière de manipulation, il y a les "coups" bien montés et les autres, ceux qui ne tiennent pas longtemps la route parce qu'ils tirent des ficelles trop grosses. A l'inverse des premiers qui agissent subtilement par effet de dominos, les seconds recherchent exclusivement et sans prendre grand soin de leur crédibilité la réaction immédiate du public visé et l'activation de ses repères clés les plus basiques, souvent culturels, parfois sémantiques ou directement liés à la peur.
C'est ainsi qu'en matière de terrorisme, de prestigieux services spécialisés dans le renseignement et la manipulation comme la CIA, nous ont fourni de nombreux exemples qui montrent que l'affirmation est plus importante que la preuve quand on est pressé d'imposer des volontés inacceptables en temps normal. On se souvient des fantomatiques armes de destructions massives de l'Irak affamé ou de la fiole d'Anthrax agitée au Conseil de Sécurité de l'ONU.
Cette technique de manipulation qui s'appuie aussi sur l'autorité, la légitimité et la crédibilité sociale des responsables officiels pour obtenir l'adhésion du public-citoyen à une thèse que la réalité n'étaye pas, a besoin impérativement du relais médiatique sans lequel le message est réduit au huis-clos. Les journalistes sont donc conviés à prêter leur propre crédibilité professionnelle à ces opérations d'intox au risque de perdre à leur tour leur légitimité en abandonnant les vieux principes primordiaux qui font la force de toute enquête, aussi bien policière que journalistique, c'est à dire la vérification de tous les indices donnés, le recoupement des preuves et l'indépendance vis à vis de toutes les sources.
Cependant, malgré l'appui médiatique, l'efficacité de la méthode expéditive atteint naturellement ses limites car son emploi répété finit rapidement par éventer la manipulation et entraîne durablement la défiance à l'égard des instigateurs et des relais. Surtout, elle requiert de la part du public un niveau de crédulité à la hauteur de l'imbécillité des "preuves" fournies et la rapidité d'action des instigateurs pour mettre en place les dispositifs ou les décisions que cache la manipulation.
L'équilibre entre l'imbécillité des preuves et la crédulité du public
La
crédulité a
des limites que
l'imbécillité n'a pas et en
la
matière on se
demande jusqu'à quel point l'absence de
crédibilité dont font preuve les
"services
compétents" ne serait pas un moyen de tester
l'élasticité de notre
crédulité. La question n'est pas saugrenue.
Ainsi, on pourrait croire que les "services" les
plus
expérimentés en matière de
manipulation - parce que
c'est l'une de leurs principales fonctions - ont le
savoir-faire, les moyens et l'expérience
appropriés pour "fabriquer" des "preuves" en
béton
destinées à étayer les
scénarios qu'ils entendent nous faire croire.
Hé bien, non ! Du moins en apparence.
A titre d'exemple deux affaires de pseudo terrorisme traitées par la presse allemande montrent à quel point la qualité des preuves présentées et leur mise en scène par les autorités policières et les relais médiatiques détruisent la crédibilité de ce qu'elles sont censées prouver.
La première faisait passer une bande de trois pieds-nickelés à l'amateurisme déconcertant et suspect, ayant acquis au grand jour et stocké du peroxyde d’hydrogène (1) pour de redoutables islamiques fondus dans la population, sur-entraînés et sur-motivés, préparant un "attentat atroce" qui aurait "fait surgir en Allemagne une dimension de la terreur jamais connue auparavant".
La seconde faisait de la découverte d'un bout de papier froissé jeté au sol dans un train allemand et contenant une liste de commissions rédigée en arabe (2), la preuve de la signature et de l'origine des terroristes ayant placé l'une des deux bombes trouvées en juillet 2007 dans ce même train.
En tout cas ça marche à tous les coups......
Ces "montages" sont-ils donc l'expression d'une incompétence ou sont-ils volontairement bâclés ? Certainement les deux à la fois car il faut se méfier des apparences et en l'occurrence, si l'exécution est manifestement incompétente et prétentieuse, elle est certainement encadrée - voir suscitée - par une inspiration pas du tout innocente.
En effet, derrière les apparences qui ressemblent très souvent et de plus en plus à du vrai travail d'amateur avec une crédibilité qui ne résiste pas longtemps au bon sens, il faut bien convenir que la manipulation fonctionne quand même extrêmement bien. Plus exactement, si le prétexte est clairement bidon, il n'empêche pas la "sécurisation" de la société qu'il est destiné à engendrer de s'échafauder sans aucune retenue.
C'est ainsi qu'on constate que le recours aux prétextes est de moins en moins utile au point qu'ils donnent de plus en plus l'impression d'être une formalité d'habillage exécutée par réflexe plus que par soucis d'anesthésie populaire. Il en est ainsi de la vidéosurveillance qui n'attend plus des attentats pour s'installer sans limites et de la biométrie - comme le fichage de l'ADN - qui a de moins en moins besoin de faits divers sordides pour susciter son élargissement à toute la population.
..... parce que le citoyen a été transformé en pion négligeable et inoffensif.
Est-ce à dire que nous sommes majoritairement idiots ou incapables de voir ce qui se met en place pour y réagir ou au moins en avoir conscience ? Je ne le pense pas car il suffit de se balader sur n'importe quel forum de l'Internet pour se convaincre de la grande quantité de citoyens peu dupes.
En fait, si la manipulation de médiocre qualité
fonctionne si bien c'est que le
citoyen est devenu une quantité négligeable et
n'a plus
aucun pouvoir depuis qu'il en a été
dépossédé de manière
très perverse au profit et par ses "représentants",
eux-mêmes majoritairement imposés par le
système.
Ce vol
de notre citoyenneté par
extension sourde et sans limites de la
délégation démocratique
et la
culpabilisation qui va avec, ne
serait-elle donc pas la
première manipulation
essentielle qui
permet la réussite de toutes les autres ?
Dès lors, comment ne pas voir aussi dans la médiocrité de fabrication des preuves sensées désigner les responsables d'actes terroristes, une manière typiquement perverse de signifier à ceux qui ont compris que l'immense majorité des autres est prête à accepter n'importe quoi, y compris de se faire rouler dans la farine en toute connaissance de cause et de conséquences.
Lire aussi mon commentaire d'actualité autour du sujet sur le
Décret du 11 mars 2011:
Décret
du 11 mars 2011: Surveillance totale et permanente de l'Internet privé
définitivement installée avec en prime la manipulation directe de nos
connexions
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
(1)
Le peroxyde d’hydrogène est le
composant de base à la fabrication de produits
décolorants pour blondes artificielles. C'est un produit
inoffensif en l'état et beaucoup trop instable quand il est
associé à d'autres substances pour envisager
qu'il puisse être utilisé pour fabriquer de
l'explosif.
(2)
Pour ceux qui sont
curieux de connaître la traduction de la "preuve", la voici: Olives / Fromage / Assortiment
de gateaux au yaourth. Par ailleurs, je tiens de
sources érudites que quelques détails
d'écriture attestent que le rédacteur de cette
liste de course ne peut être originaire du Proche-Orient
mais du Magrehb.