La révélation de la situation patrimoniale (officielle ou plus réelle 1 2 3 4 ) des actuels favoris des médias à l'élection présidentielle entraîne inévitablement des commentaires aussi acides que pertinents (1). A ce jeu, je ne suis pas certain que la séduction de Marie-Ségolène pour un certain "peuple de gauche" s'en trouve renforcée. Notamment quand elle déclare le 17 janvier 2007 à Toulon, dans un "aveu" incontrôlé: "On ne peut pas raconter des histoires, on ne peut pas s'attribuer des valeurs auxquelles on ne correspond pas. Je suis aussi la candidate de la vérité et de la parole". On ne lui fait pas dire.
Passons sur la moralité de l'histoire et donc sur l'aptitude des candidats à parler de la situation d'une écrasante majorité de français bien différente de la leur. Laissons de coté la propension de la majorité des "professionnels de la politique" à enfiler le costume et habiter les logements du gratin qu'ils côtoient. Et ne nous aventurons pas sur la pertinence douteuse des "solutions" que proposent ces mêmes professionnels du métier pour mettre fin aux effets des "solutions" précédentes qui en sont grandement la cause.
Je m'arrête seulement à une
autre évidence:
A voir le patrimoine (et les frais de fonctionnement qui vont avec) de
ces candidats du peuple dont le parcours s'est accompli exclusivement
dans les allées et contre-allés du monde
politique, on est obligé d'en déduire que la
profession nourrit bien son homme .. et sa femme.
Il y a trois façons de devenir raisonnablement riche. Soit par l'héritage, soit par la reconnaissance des réalisations accomplies par ses propres talents et utiles aux autres, ou soit par la spoliation d'une quantité significative de congénères dont par exemple la corruption considérée par une majorité de citoyens comme une spécialité du monde politique.
Or, la consultation des parcours de nos deux "têtes de série" médiatiques (2et 3) montre qu'officiellement aucune de ces voies ne les concerne vraiment. Pas d'héritage lourdement doré de nature à leur laisser le temps libre que demande l'engagement militant et le dévouement à la cause nationale. Pas (encore ?) de preuves qui établiraient l'existence d'un matelas d'origine douteuse réinvestit dans de l'immobilier familial via des SCI du même nom. Quant aux fruits de leurs réalisations, on ne trouve rien d'économiquement productif au sens commun, puisque leurs "carrières" sont toutes dépendantes de leurs partis politiques (Parlementaire, Maire, Conseiller départemental ou régional, membre de cabinet ministériel, cadre d'Etats-Majors politique).
La
politique serait donc une
quatrième
manière d'acquérir un patrimoine largement
au-dessus de la moyenne.
A l'évidence, les
"rémunérations" y sont plus que coquettes,
en tout
cas pour la majorité des grosses cylindrées des
Etats-Majors de grands partis dont c'est la seule
activité .... une vie durant. Elles font aussi parfois
perdre le sens des réalités
comme l'a démontré le Ministre du Budget (un
comble !) avec une sincérité très
révélatrice. Le
"métier" est en effet très attractif surtout
quand
on tient compte des divers
avantages qui permettent
d'économiser
nourriture, transports et autres dépenses de la vie
courante, sans compter les faveurs que permettent les moyens
de la fonction. Concrètement, la
"rémunération" ne sert pas à vivre,
mais
à alimenter les économies et par
conséquent le patrimoine immobilier.
Ceux qui craignent la morale populaire traiteront de populiste cette évidence de bon sens. Que peuvent-ils faire d'autre ?
Sans aller jusqu'à revendiquer bêtement l'ascétisme comme condition d'exercice d'un mandat électif, d'une fonction ministérielle ou le travail de cadre d'un parti politique, il est nécessaire de rappeler que l'idée de République démocratique ne fait pas bon ménage avec le "métier" de politique apparu il y a une trentaine d'année de manière flagrante dans le sillage des énarques et "science-po" giscardiens. De fait, s'il est normal que l'engagement au service des autres ne doit rien coûter pour permettre à ceux qui n'ont rien ou pas grand chose de faire profiter pleinement et sans contrainte la collectivité de leurs qualités, il ne doit pas non plus générer de "salaire" hors de propos.
Plus dangereux encore, l'idée que la politique n'est accessible qu'à des spécialistes entraîne l'apparition d'une caste d'individus qui se cooptent et dont les egos les poussent rapidement à se prendre pour de véritables PDG de la collectivité... et à trouver normal d'être "payés" en conséquence. C'est pourtant le chemin dans lequel est largement engagé notre pays et que démontre l'origine de la situation patrimoniale de Nicolas et de Marie-Ségolène.
Est-ce le
type de régime et d'individus que nous souhaitons et surtout
dont nous avons vraiment besoin ?
La réponse conditionne l'avenir individuel et collectif dont
on ne pourra pas dire qu'il n'était pas
prévisible ... et irréversible.
Si l'épisode salutaire de l'ISF de
Marie-Ségolène et de Nicolas
permet d'éveiller le bon sens et la logique des
choses derrière les manipulations de symboles
et les mots, la république y aura perdu un peu de
sa dérive bananière et le citoyen y aura
repris une
bonne part de son pouvoir perdu.
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
(1)
A commencer par le fait que ces impositions sont
très récentes.
Marie-Ségolène l'acquitte pour la seconde
année
consécutive et Nicolas depuis un an. La
fraîcheur
de cette
situation fiscale fera dire aux mauvaises langues
qu'elle n'est due qu'à la
nécessité d'éviter la
fâcheuse image découlant de la
révélation
d'un
patrimoine
conséquent et d'une imposition qui
n'était pas en rapport.
(2) Bio
(sans OGM !) de Marie-Ségolène
Royale
(3)
Bio (sans OGM !) de Nicolas
Sarkozy de
Nagy-Böcsa (avec
cependant une erreur qui le fait appartenir au Rotary alors qu'il est
entré au Lion's Club en 1983)