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Actualisée le 2 avril 2008

Depuis la rédaction de cette chronique, les départs en file indienne de hauts responsables qui affectent le cabinet de Rachida Dati auraient pu servir à la matière d'une analyse sur les limites du management par la terreur. J'ai préféré en commenter le décompte sous la forme d'une note d'actualisation en fin de texte car ils illustrent par effet miroir les qualités de "mérite" que les "maîtres du monde" actuels ont su identifier très tôt chez madame Dati, comme je le suggérais dans le texte qui suit cette introduction ajoutée depuis. 
Des amis, victimes comme moi et tant d'autres des réseaux "humanistes" de l'institution judiciaire, me font part de l'espoir que fait naître la cure d'orties infligée par le ministre à ses troupes de magistrats, augurant d'après eux une cure d'amincissement dont les habitués des agapes fraternelles feraient enfin les frais. L'espérance du retour de bâton à défaut de remboursement est une sensation que peuvent seuls comprendre ceux qui ont tout perdu dans un "jeu" pipé.
Je ne partage pas cet optimisme pour trois raisons:
- "Chez ces gens là, Monsieur, on ne se tue pas", comme le chantait Jacques Brel,
- un Rastignac n'a que faire des injustices crées par des prédateurs. Il veut seulement prendre leurs places pour faire mieux qu'eux.
- les premières réalisations législatives de la "feuille de route" montrent que l'arbitraire et l'injuste vont trouver matière à quitter les pratiques de l'ombre pour l'impunité de l'officiel respectable et vont élargir leurs champs d'actions à tous les citoyens en s'institutionnalisant.
 

RACHIDA DATI ou l'ASCENSION de la "BIEN GUIDÉE"

Un vrai conte de fée que le destin de Rachida Dati, la ministre de la Justice française, personnalité inconnue jusque là dans le paysage politique français, apparue subitement en porte-parole sortie du chapeau (1) du candidat Sarkozy de Nagy Bocsa. La presse s'est faite l'écho de ce destin tellement symbolique, souvent avec du velours dans la plume ou des gloussements dans la voix teintés de la retenue qu'inspire l'indéfinissable sensation de la proximité de tout carnassier.

Car il s'agit bien d'un conte de fée moderne avec tous les ingrédients voulus. Les origines prolétaires et immigrées, le dur labeur entamé plus tôt que la moyenne, la volonté chevillée au corps de l'ambition, les pygmalions et les bons samaritains, les voies de traverse pour doubler la voie royale, les coups de pouce, l'ascension dans les hiérarchies professionnelles et la réussite par l'octroi de l'un des marocains (un signe ?) les plus prestigieux. Sans oublier un certain charme des traits sans lequel Cendrillon a peu de chance d'être du casting.

Cependant, la première vertu d'un conte de fée est de fournir un modèle à ceux que l'espoir berce éveillé. Longtemps basé sur la morale qui fait triompher le pur et l'innocent bafoué pour réunir les deux bouts de l'humanité, le conte de fée évoque maintenant l'ambition et la réussite de sorte que le soulier de vair ne séduit plus par sa beauté mais par sa marque et son prix. Les Eugène de Rastignac ont remplacé les Chevaliers Blancs et les sœurs dominatrices ont ringardisé leur Cendrillon.    

Ainsi présentée, la "carrière"sabre au clair de cette Rastignette sert de press-book médiatique autant que de carte de visite des "valeurs républicaines" selon la version et la vision de son dernier patron-bienfaiteur avec lequel elle partage les signes de l'indéfinissable complicité que connaissent les enfants d'immigrés quelles que soient leurs contrées d'origine et leur point de chute.

Cependant, à ma connaissance, aucun journaliste n'a songé à décrypter le sens de son prénom qui, comme tout prénom arabe a une signification. Il s'agit pourtant de la clé de ce destin si symbolique.

En l'occurrence Rachida se traduit par "la bien guidée".
L'onction donnée par les fées penchées sur son berceau a donc laissé sa trace à qui veut bien la voir. L'essentiel était écrit dès le début au royaume des symboles dont elle accepte d'ailleurs volontier d'être une sorte d'ambassadrice. Nous verrons qu'en guise d'écriture divine, la plume a été tenue par des humains de chair et d'os qui ont su discerner le profit à tirer du profil.

De fait, son parcours (2) largement et synthétiquement diffusé par les médias, parle pour elle.

Une volonté de Rastignac et de bons Samaritains

De sa Bourgogne natale à la Place Vendôme, ce qui frappe le plus dans le parcours et donc le destin de Rachida, c'est la multiplication des rencontres déterminantes, des coups de mains et des coups de pouce, certes provoqués mais tellement répétitifs que la seule volonté, l'esprit vif et la séduction naturelle n'expliquent pas tout.

De fait, si vouloir suffisait à pouvoir et si les seuls talents étaient la cause de la réussite, la recette produirait à coup sur de nombreuses success-stories, rapidement banalisées par l'évidence de la norme naturelle. Hélas ce n'est pas si simple au royaume des sociétés de l'illusion et du double langage.

Il faut en effet ajouter à ces ingrédients, quand ils sont présents, l'ambition du seul pouvoir, une parfaite perception et une adéquation avec les règles non-écrites du systèmele culot à forte dose et une aptitude prononcée à la recherche et à l'utilisation de la courte-échelle en guise de promotion sociale. Avec leurs corollaires moins présentables que sont l'absence de scrupules, un ego très egotiqueune aptitude naturelle à privilégier les "valeurs" des plus puissants moteurs du moment pour s'en faire une conscience et un talent certain à accepter, voire à rechercher tous les moyens pour y parvenir.
Bref avoir les traits profonds de ceux que l'on ambitionne secrètement de rejoindre dans les hauts limbes du pouvoir pour un jour leur succéder et  jouir de la pleine puissance qui s'y attache.   

Car ce sont les conditions pour générer l'intérêt des bons Samaritains qui par nos temps modernes ont une notion très intéressée de l'altruisme, une perception assez "fraternelle" des qualités humaines et un sens génétique de la cooptation.
Vous pourrez vous évertuer à sonner aux portes ou à squatter le paillasson d'un homme de pouvoir, vous n'obtiendrez rien si votre profil ne lui ressemble pas et qu'il ne pourra trouver intérêt personnel à vous coopter en vous fournissant la marche que votre ego recherche..

C'est certainement à la plupart de ces conditions que Rachida a pu inscrire son nom dans les tablettes d'Albin Chalandon, Jean-Luc Lagardère, Jacques Attali, Henri Lachman, Henri Proglio, Marceau Long, Simone Veil ou Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa (et ceux que la presse n'a pas mentionnés), au point qu'ils lui ont concocté une "feuille de route" personnelle avec balisage du chemin, relais et panneaux indicateurs

Autant de "contacts" qui permettent de se dispenser des affres de l'envoi circulaire et vain de demandes d'embauche quelles que soient les qualités du CV et de l'intéressé. Qui aplanissent les objections qui parsèment une demande d'admission "sur titres" (un peu gonflés), parfaitement légale mais grandement facilitée par les "avis éblouissants" de "personnalités" comme Simone Veil ou Marceau Long. Qui indiquent la voie à prendre et la porte à frapper tout en adressant parallèlement la chaude et indispensable recommandation au portier. Ou qui suggère la précieuse invitation à suivre un MBA dans une prestigieuse université américaine, tous frais payés par un grand groupe, pour ajouter une dorure utile à son CV.

Le modèle républicain

Présentée comme un pur produit de la République, Rachida Dati, quelles que soient ses qualités, est en fait un produit du système. N'en déplaise aux néo "consciences républicaines", la République n'a pas vocation à "produire" des individus, mais à permettre à travers l'égalité et la fraternité à tous les talents de s'exprimer, de se développer et de servir le bien de la communauté nationale. Le système quant à lui, hérité des habitudes fraternelles des notables de la III° république, aujourd'hui largement matiné par l'importation des conceptions du nouveau monde, sélectionne, formate, coopte, entraîne et dirige les seuls  "produits" qui le servent.

Rachida Dati est aussi présentée à travers sa volonté et son mérite comme un modèle qui serait tout à la fois identitaire de la France et de la République. Ne s'est-elle pas auto-qualifiée elle-même à son arrivée Place Vendôme de "symbole de la France". On ne peut bien entendu lui reprocher cette vision quand on se rappelle qu'une certaine république (déjà !) apprenait aux petits des colonies que"leurs ancêtres étaient les gaulois" (3). Les aberrations ont toujours produit des aberrations devenues vérités pour ceux qui les ont le mieux assimilées.

Reste la réduction et l'amalgame qui atteste d'une perception particulière de la France et de la République, qui d'ailleurs sont aussi celles de son bienfaiteur et maître à penser actuel.

Car cette vision est symbolique d'une conception et d'une perception qui ne l'est pas moins. Depuis quelques temps la France et la République sont affublées de "valeurs" à géométrie variable et à usage individualiste (4). Mis à toutes les sauces et utile à tous les "marketings", c'est une sorte de label dont l'utilisation restreinte aux personnels politiques et aux "formateurs" permet d'adapter librement l'histoire et de la traduire au filtre des "valeurs" personnelles pour légitimer ses ambitions. Or les golden boys (ou women) d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec les vaillants de Valmy.  

Un profil en phase avec le nouvel ordre des choses

Un reportage TV passé en illustration de la nomination de Rachida Dati au Ministère de la Justice, la montrait dans son ancienne fonction de magistrat faisant sèchement la morale sur son aspect physique et vestimentaire à un justiciable la tête baissée et les mains dans le dos, penaud comme un gamin devant la maîtresse. Pas de discours juridique, juste la sèche morale. En dix secondes étaient réunis la conception de la fonction, la manière d'exercer le pouvoir et l'utilisation de la culpabilisation comme instrument de domination (on pouvait aussi y percevoir un mépris certain). Le profil adéquat pour faire passer la pillule de la réforme du statut pénal des jeunes (avant de revenir au bagne pour le vol alimentaire d'une pomme ?), l'automatisation de la peine minimale (avant de transformer les juges civils en magistrature militaire ?), la réforme de la carte judiciaire qui préfigure la fin du ministère de la justice, tout comme d'autres choses beaucoup plus discrètes car humainement inacceptables et très lourdes de conséquences sur notre avenir

Ces images furtives m'ont rappelé instantanément le très beau texte d'Omar Saïd Al-Kanide, La leçon de piano de Madame Rice au peuple de Cana. Les similitudes de parcours, d'ambitions, de rapports entre la culture d'origine et  la norme dominante du pays, de volonté, de "mérite", d'incarnation symbolique d'intégration (au système !), et même de traits physiques sautent aux yeux. Mais l'essentiel est à la racine qu'extirpe superbement Al-Kanide. Le mimétisme s'accompagne de cette gène que suggère l'impression de l'esclave affranchi qui met ses pas dans celui de son maître et qui ne se rend pas compte à quel point il lui ressemble, lui est encore plus utile et ... renforce d'avantage le mépris affectueux que ce dernier lui porte d'être le meilleur contre-maître de ses frères. Car l'analogie ne va pas sans s'élargir aux mentors respectifs de ces deux symboles et ce n'est pas un hasard. Georges Walker Bush et Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa ont chacun leur "housse nigger"(5) . Ainsi s'adapte aux besoins du temps l'occident chrétien de l'axe du Bien. 

D'autres images, nous montrent les deux visages de la future ministre à l'occasion d'un entretien orchestré par Paul Wermus au cours duquel, pensant être hors caméra, elle y reprend en plaisantant le slogan du kärcher pour nettoyer les banlieues. Plus que la "blague" dont on ne discerne pas le ton de la dérision, c'est l'attitude, les gestes et l'intonation de la voix qui sont évocateurs du "fond de sauce".
Quelques amis m'ont dit y voir d'avantage la vulgarité que la grossièreté, notamment dans la façon de pointer le doigt, la recherche tactile de l'autre et le rire gras. La remarque est pertinente et je ne les ai pas contredit.

Il y a aussi les confidences des collaborateurs qui illustrent l'ambiance qui semble régner au ministère depuis que madame Dati y a installé ses ambitions et qui confirment les constats antérieurs fait par d'autres collègues qui ont croisé son parcours. Ou bien l'analyse experte et documentée de Jean-François Probst qui disséque son mauvais-goût, sa brutalité et nous révèle sa tentative manquée de passer par la gauche - alors au pouvoir - pour assouvir l'ambition que la droite lui a ensuite permise .

De même, est très révélateur le penchant non retenu vers la personnalisation de la fonction dont le costume d'apparat, traditionnellement plus proche de la hautaine pourpre cardinalice, est remisé dans les cartons des vêtements has been au profit de la robe de cocktail de grand couturier pour scintiller au milieu du microcosme fréquentant le circuit des mondanités, de préférence médiatisé. Tout comme le "plan de communication" laisse d'avantage l'impression singulière de la jubilation d'une ambition atteinte que l'exercice d'une stratégie contraignante. 

Ces petits détails volés en disent plus long sur un individu qu'un long CV ou les "valeurs" symboliques qu'on lui attribue pour fixer sa légitimité. Il ne s'agit pas de juger, mais de relativiser et de cerner les incohérences entre l'image et l'être pour décrypter les intentions réelles et ne pas contribuer au relais des illusions.

En l'occurrence ce décryptage met des mots sur une impression déjà ressentie ailleurs dans les goûts et les comportements de la nouvelle présidence qui semble confondre la haute fonction représentative de la République et du pays avec les us d'un patron de multinationale, voire la présidence d'un Lions ou d'un Rotary Club de riches notables quadragénaires. Deux visages, l'un public et l'autre privé, l'un glamour et l'autre autoritaire que la ministre n'a pu cacher longtemps.    

Ainsi se dessine le nouvel ordre des choses qui s'installe sur et grâce à la confusion et à l'illusion de "valeurs" purement sémantiques. Dès lors, il n'y a rien d'illogique à ce que les "symboles" humains du moment, comme l'est Rachida Dati, aient pour mission consciente ou inconsciente de personnifier l'illusion de ces "valeurs" à travers la fabrication de leur image tout en menant les actions opposées que leur dictent leur ego et l'ambition de "coller" aux maîtres du système.

Quoique l'on puisse penser de Rachida Dati, house nigger, Rastignette, mercenaire, prédatrice ou dévorée d'ambitions, on peut affirmer sans risque que son profil a été identifié très tôt par les bons samaritains pour servir une cause dont tout montre qu'elle s'oppose à l'humanité.

Les valeurs de Cyrano

Il me parait utile de conclure en citant le héros qui traduit ce qu'est l'esprit français, en tous cas ce qu'il véhicule de liberté, d'honneur, d'intégrité et d'audace. Autant de "valeurs" qui sont des qualités ayant formé le terreau populaire de la République. D'autres à travers le monde s'y reconnaissent. Ce qui atteste que l'esprit "français" peu aussi ne pas être la propriété de la France, pas plus que le résultat de son exportation.
Je ne suis pas certain que Rachida Dati y reconnaîtrait "le quart de la moitié du commencement" d'un sentiment personnel, mais je suis persuadé que ce passage l'instruirait beaucoup sur les vertus de la grandeur.  

Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, Merci.
...... Puis s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas grimper bien haut, peut-être, mais tout seul !
Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand

Paul-Vincent PAQUET© Juillet 2007 - Avril 2008
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Actualisation: Depuis la rédaction de cette chronique, le Directeur de Cabinet du ministre a jeté l'éponge après seulement 7semaines au service de sa patronne suivi par les démissions de 3 conseillers majeurs puis à la fin août par celle du chef du cabinet, au début septembre par 2 autres conseillers majeurs, en février 2008 par une nouvelle conseillère et au début avril par un nouveau conseiller d'importance.
Ces abandons ont illustré le tempérament et le profil du ministre prisé par ses pygmalions. Un Néron se cache toujours derrière tous les Rastignac !
Mais le plus important réside dans six constats:
1) Les démissionnaires étaient tous des magistrats ou des hauts fonctionnaires en charge des aspects les plus sensibles de la politique policiaro-judiciaire du nouveau pouvoir et à ce titre ne devaient pas être les plus tendres des adeptes de la société sécuritaro-carcérale.
- Françoise Andreo-Cohen, conseillère pour le droit des mineurs,
- Philippe Lagauche, conseiller pour les questions pénales,
- Xavier Samuel, conseiller pour les libertés publiques et les questions constitutionnelles,
- Jacques Carrère, conseiller technique pour l’organisation judiciaire et la magistrature,
- Valérie Bonnard, conseillère technique pour le dialogue social et les affaires budgétaires (cette dernière officiellement virée). 
Auxquels s'ajoutent Gaël Tchakaloff, conseillère chargée de la stratégie, et en particulier de la mise en place de la carte judiciaire et Pierre Boussaroque, conseiller diplomatique, dont le départ est probablement lié la conception très personnelle du ministre en ce qui concerne l'application des d'entraide judiciaire aux termes duquel la France est garante de l'éxécution de la condamnation civile frappant les pieds nickelés de l'Arche de Zoé.
Difficile de ne pas en déduire que c'est la découverte de la réalité profonde des orientations et des objectifs du patron du ministre, en plus de la méthode, qui sont apparus inacceptables et dangereux pour ces spécialistes pourtant certainement peu enclins à la mansuétude judiciaire et à la bonté humaniste. Il est révélateur que cet aspect des choses n'ait pas fait l'objet d'une fouille un peu poussée par la presse.
2) Ceci n'a pas empêché que la première "réforme" (la sanction automatisée de la récidive et la fin de l'excuse de minorité pénale) confiée à Rachida Dati soit passée en express. Preuve qu'elle a une importance et une urgence manifeste dans un "dispositif" de pénalisation de la société suivant le modèle bushien dont le président français possède la licence d'importation. 
3) La ministre en service commandé a été particulièrement "drivée" pour son passage devant les instances législatives. Ce qui trahie la potentialité du risque de la voir se décomposer face aux questions précises sur les fondements républicains et les conséquences évidentes sur la forme de société qu'induisent les nouvelles règles qu'elle a été chargée de faire ratifier en VRP ambitieux. 
4) Le rôle d'acteurs comparses des "représentants" du Peuple (à deux ou trois exceptions près) montre définitivement qu'ils n'ont aucune notion de ce qu'est une société républicaine, qu'ils servent le système qui les a choisi et  ne représentent que les intérêts ou les intentions de leurs bailleurs respectifs..
5) Groupies ou opposants à Rachida Dati surfent sur l'image commode de l'atypique ministre ce qui permet de s'affranchir du fond. Ainsi, le "courage" de ses opposants - autrement dit les concurrents dans la carrière et dans le système - s'est borné comme à l'habitude à une attaque dans les coins, genre peau de banane médiatico-moralisatrice, en rappelant la tendance délinquante et les déboires judiciaires d'une partie de sa famille, au lieu de mettre en évidence le premier constat et ce qu'il révèle.  
6) Avec les deux derniers départs, ce n'est pas l'avenir des citoyens et le visage judiciaire de la république qui ont provoqué les états d'âmes des démissionnaires, mais l'avenir de l'institution elle-même et probablement la découverte du "profil" souhaité des futurs magistrats. En effet, le départ du conseiller en charge de l'organisation judiciaire et de la magistrature est un symbole révélateur que confirment les doutes sur les capacités de l'ex magistrate au 2 ans de carrière (compensés par des exigences de jeune loup) et la défiance du milieu qui subit à son tour les affres du dirigisme flirtant avec le viol de la loi et les principes républicains, jusque là réservé aux justiciables. Quant au départ, forcé celui-là, de la conseillère en charge du dialogue social et des affaires budgétaires, il suffit à se faire une idée du traitement futur réservé aux deux domaines de compétence qui étaient les siens.

Décidément, ceux qui ont confié sa feuille de route à Rachida Dati savaient qu'elle serait en de bonnes mains pour être menée à bien et à son terme. 

NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF ou vidéo de ceux-ci vous sera adressée.

(1) Sur le forum du journal Le Nouvel Observateur; l'Avocat Général de la Cour d'Appel de Paris, Philippe Bilger, non suspectable d'être un "magistrat rouge", a parfaitement résumé, avec un grand bon sens, la promotion de Rachida Dati: "Selon lui, la ministre de la justice "n'a pas été choisie par le président pour sa compétence" mais parce qu'elle "est une femme, un symbole et le chouchou du couple présidentiel" .
(
2) Version Pdf de l'article si le lien est mort. Autres sources: Rachida Dati: Une ascension irresistible, Rachida Dati: La révélation UMP de cette campagne, Rachida Dati sur le terrain judiciaire, Rachida Dati, Sarkozette sans complexesCV sur le site du gouvernementLa face cachée de Rachida Dati
(3) La formule "Nos ancêtres les Gaulois" appliquée aux enfants des colonies qui est couramment employée pour stigmatiser le rapport colonisateur/colonisés est évidement synthétique, réductrice et forcément grossière. Elle fut prononcée (et pensée ?) par un grand nombre d'instituteurs de la III° république qui ne faisaient que reprendre la mention qui figurait dans les manuels d'histoire de cette époque et qui a disparue dans ceux de la IV° république.
Elle a pour but d'illustrer à gros traits l'état d'esprit qui animait une bonne partie de la pensée morale et philosophique de l'élite de l'époque pour justifier aux yeux de leur socle social et de la population française l'occupation des pays colonisés et l'apport "bénéfique" de l'exploitation de leurs richesses (voir les discours de Jules Ferry en particulier). La République allait civiliser, apporter les Lumières et éduquer les populations primitives comme les conquistadors allaient évangéliser les descendants des Incas. Les mêmes motifs pour des objectifs identiques, les francs-maçons suivaient les traces et la philosophie des évangélistes romains.
C'est bien sur cette vision du rapport avec l'étranger version "bon sauvage" que j'ai voulu illustrer en reprenant la formule afin de suggérer la prédominance du formatage au "système" sur l'origine ou la couleur de peau.
Cela étant, "nos ancêtres les Gaulois" n'est pas une "invention" de la colonisation à destination des peuples africains, asiatiques ou polynésiens. Elle est en fait une écriture assez récente de l'histoire officielle qui a fleuri en métropole avant même que les colonies n'existent.
En effet, c'est à la Révolution que les représentants du Tiers État ont invoqué la filiation gauloise pour asseoir la légitimité de leur pouvoir en opposition avec l'aristocratie et la monarchie qui se réclamaient de la conquête franque (voir Vercingétorix et l'idéologie française d'André SIMON - Éditions Imago - 1989). Dans l'esprit des révolutionnaires de 1789, les nobles étaient des étrangers qui avaient usurpé le pouvoir et par voie de conséquence, le rapport de force s'inversant entre "vaincus" et "occupants" d'hier, cela justifiait que les descendants des Germains soient renvoyés dans leurs contrées d'origine. L'expression "nos ancêtres les Gaulois" était donc d'avantage un violent défi symbolique que la revendication d'une identité propre.
Sous Napoléon, l'expression a perdu de sa consistance polémique, même si les historiens y faisaient encore référence. Les origines franques ou gauloises se sont même fondues pour illustrer la réconciliation entre l'ancienne et la nouvelle France qui correspondait aux voeux de grandeur de l'Empereur. En prenant les "valeurs" de ces deux origines, il brassait large pour favoriser l'adhésion à ses conquêtes.
La restauration qui suivi balaya cette fusion pour revenir à l'opposition parfois très violente entre les deux origines franques et gauloises. C'est à partir de 1830 avec la Révolution de Juillet que les ancêtres gaulois se sont définitivement imposés. L'expression allait alors fleurir dans tous les ouvrages scolaires avec cependant une teinte prononcée pour la fusion dans un esprit d'apaisement ("Nos ancêtres les Gaulois". Genèse et avatars d'un cliché historique - Henri Duranton - Cahiers d'histoire 1969).
Comme vous le voyez, tous les slogans correspondent à des stéréotypes chargés d'une symbolique destinée à éveiller ou réveiller dans les populations les sentiments utiles à l'accomplissement de l'objectif peu avoué ou carrément pas avouable.
Ainsi, les ancêtres Gaulois enseignés aux "petits des colonies" (et par voie de conséquence à leurs parents) signifiait moins une origine ethnique ou ancestrale que les fondements de la "civilisation" que leur apportaient les "bienfaiteurs" français. L'objectif de la signification était d'ailleurs la même pour les "petits français" que les "hussards de la République" s'employaient à "éveiller". En "aspirant" les plus réceptifs de ces enfants aux principes du "système", les tenants de ce dernier garantissent sa pérénnité (et la leur !). Dès lors, si une formule comme "nos ancêtres les gaulois" fait sourire ou scandalise la majorité des français et les originaires des colonies, elle contient, derrière une symbolique grossière, une autre symbolique qui est le support d'un système.
(4) Il en est ainsi de la conception très personnalisée du principe de la présomption d'innocence qui s'applique, parfois en dehors de toute morale quand il s'agit de nommer à un poste ministériel un élu inculpé sur des bases sérieuses et qui passe aux oubliettes quand il s'agit de réagir dans la minute sur la culpabilité (quasi invariablement infirmée en partie lorsque les faits sont établis) d'un citoyen lambda, fut-il un chauffard.
(5) House Nigger: littéralement "nègre de maison" - Expression utilisée par les maîtres de plantation dans le sud pour qualifier les esclaves soumis qui pouvaient être employés au service domestique, en opposition avec les "fields nigger" (nègre des champs) qui etaient considérés comme rebelles.

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