Actualisée
le 27 septembre 2008
"L'argent n'a pas d'odeur, mais pas d'odeur me monte au nez" chantait Jacques Brel. J'aurais pu choisir ce titre pour illustrer les méthodes bancaires version moderne de la razzia dont je viens d'être victime et qui guette inévitablement chacun de vous.
Comme pour la majorité des usagers des organismes bancaires, je reçois une fois par mois dans ma boite aux lettres le relevé de mon compte courant. Service minimum fourni par le prestataire de service qu'est toute banque et dont le coût est de toute façon supporté par le client d'une manière ou d'une autre.
Or en novembre dernier, ce relevé ne m'est pas parvenu à la date habituelle, soit aux alentours du 5 du mois. La Poste ayant définitivement perdu la fiabilité de sa jeunesse, je ne me suis pas inquiété puisque je sais à peu de chose près ou en est mon "trésor", c'est à dire juste au-dessus de la ligne de flottaison.
Or le 23 du même mois la "gestionnaire clientèle", autrement dit l'employée de la banque chargée théoriquement de veiller sur ma poignée de poussières virtuelles d'or en fer blanc me demande par téléphone si mon adresse est toujours la même. A ma réponse évidement positive je fais immédiatement suivre mon interrogation pour une telle question. Elle m'apprend que "les services de la banque" (sic) l'ont informée du retour d'une lettre tamponnée du cachet NPAI qui en langage terrien veut dire "N'habite pas à l'adresse indiquée". Comme c'est la seule correspondance que m'adresse ma banque hormis les publicités, j'en déduits qu'il s'agissait probablement de mon relevé bancaire. Etonnement de ma part et demande de réexpédition de la missive dont la "chargée de clientèle" est bien incapable de me confirmer le contenu, ce qui est un signe. Je ne recevrai jamais la lettre concernée.
Bien entendu, la factrice qui se charge depuis des années de ma rue et qui me connaît me confirmera qu'elle n'a pu retourner une lettre me concernant.
Cette lettre fantôme laissera pourtant une trace coûteuse et douloureuse, affaiblissant mon très faible trésor. Le relevé du mois suivant (qui lui me parviendra normalement !) contiendra la curieuse ligne en débit que voici:
Ainsi, la banque a retenu d'office sur mon compte, trois jours avant que la "chargée de clientèle" m'informe de l'incident et vérifie ma responsabilité éventuelle, quelques 13,75€ pour une lettre qui lui était retournée sans que ma factrice soit responsable de ce retour et qui ne m'a jamais été réexpédiée depuis. La "chargée de clientèle", contactée pour me restituer la ponction inique s'abritera derrière les conditions générales de son employeur et son écran d'ordinateur pour justifier l'opération et n'esquissera même pas l'idée du "geste commercial" qui qualifie maintenant la correction d'un dysfonctionnement unilatéral. La bonté des "Saigneurs" à ses têtes et .... ses limites !
Notons au passage le montant des 13,75€ (90,19 francs !) qui représenteraient logiquement les frais liés au "traitement" d'une lettre "NPAI", soit le stockage à réception (10 secondes), l'inscription sur un fichier informatique spécifique (15 secondes), l'appel de la "chargée de clientèle" (20 secondes) et la réexpédition (qui n'a pas été faite !). Somme qui laisse apparaître soit une surévaluation du coût des taches, soit un sérieux effort à faire en terme de productivité. A moins que l'essentiel ne soit constitué par la "marge" qu'appliquent systématiquement à toutes ses opérations, même les plus futiles, les entreprises adeptes de la gestion "à l'américaine".
Une remarque plus générale
accompagne ma colère légitime de
"consommateur plumé" par ce qu'il faut bien appeler une
méthode de néo-libéralisme
marxiste.
Comme la
lettre ne m'a pas
été retournée et que je n'ai
donc pu
vérifier le bien fondé du "NPAI",
mon bon sens
teinté de paranoïa prospective très
utile de nos
jours m'a fait penser que la banque
ne l'avait peut être jamais
initialement envoyée tout en prétendant que la
Poste est
responsable de la non-distribution. On a vu pire en la
matière. Se dessine la
perspective de l'existence d'une opération plus
générale de racket organisé
comme en sont capables
les gestionnaires new-look et qui vous aurez plombé
la notoriété et l'activité de
n'importe quel commerçant d'il y a vingt
ans.
En rééditant une fois l'an l'opération pour chacun de ses "clients", le pactole ponctionné devient pharaonique. Jugez-en par un calcul simple. Sur la base des résultats 2005 de ce groupe bancaire, le nombre de clients particuliers serait de 2 985 849. En multipliant ce nombre de pigeons par les 13,75€ ponctionnés pour une lettre NPAI, on arrive à la somme de ..... 410.554.423 € , sans compter l'économie du coût d'envoi initial non effectué. Je vous laisse traduire cela en Francs, moi ça me donne le vertige.
Comme la réalité dépasse toujours la fiction et que les temps sont aux requins institutionnels, à la paupérisation des masses, à la (fausse) économie triomphante et à la trahison populaire des "politiques", l'hypothèse n'est pas absurde.
Cet exemple qui concerne le groupe CIC (je sais que vous attendiez depuis le début de connaître le nom de l'animal) est évidement reproductible dans le fond et dans la forme pour tout autre organisme détenant les avoirs des citoyens. Il est même générique d'une certaine conception de l'appropriation de ce qui appartient aux autres. Bref, une histoire de prédateur sur fond de services monopolistiques et de vitrine commerciale.
Un homme averti en vaut deux. Vous voilà donc averti au cas ou vous seriez dans la minorité à penser être encore dans un pays civilisé.
Comme l'union fait la force et que ces requins
modernes ne tirent leurs pouvoirs et leurs revenus que de l'illusion de
la légitimité et de l'utilité que nous
leur consentons, vos témoignages (1)
sont les
bienvenus car ils sont la base de l'antidote
à la manipulation.
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
(1) Message reçu le 19 septembre 2008 d'un internaute qui a été confronté à la même "erreur".