Actualisée
le 3 mars 2008
La Suisse a des atouts de renommée mondiale. Sa légendaire neutralité relative y fait pousser comme champignon les organisations planétaires qui "gèrent" les Droits de l'Homme et des banques très discrètes à l'ombre desquelles s'épanouissent des hommes aux affaires aussi feutrées qu'opaques.
Cette réputation alliée à la finesse de l'hospitalité, à la beauté des paysages et à la fiscalité attrayante attire en premier lieu une population aisée et cosmopolite dont l'intérêt pour le pays n'est pas que touristique. Point central géographique de l'Europe sans être pour le moment membre de la Communauté du même nom, ce charmant pays propre sur lui et polissé, vient pourtant de lancer symboliquement la tendance en matière d'accueil des étrangers. Plus précisément d'un certain type d'étrangers.
Pourtant, consultés il y a 6 ans jour pour jour, sur une initiative du groupe«Komitee für eine begrenzte Zuwanderung», les 45,2% de suisses votants avaient rejeté par référendum le principe de la limitation à 18% maximum d'étrangers sur leur sol. Tout juste 6 ans plus tard, une nouvelle initiative dont les parrains sont aussi marqués que les opposants a conduit les 48,3% de suisses votants à inverser la tendance en acceptant une législation précurseur en Europe.
Qu'est-ce qui a donc poussé nos voisins suisses à changer radicalement leurs positions par rapport à la présence étrangère sur leur territoire et à accepter des mesures d'un autre age en matière de droit d'asile ?
Ecartons
immédiatement la cause conjoncturelle puisque les
statistiques
attestent d'un nombre de
demande d'asile en régression constante
et actuellement au
plus bas niveau. Mettons aussi de coté la
situation
économique ou le taux de chômage
(3,1% en juillet 2006) est en
diminution depuis plusieurs
années et n'entraîne pas l'apparition
significative d'un trop-plein de main
d'oeuvre préjudiciable à l'emploi de
la population
locale. La
motivation est donc ailleurs.
Selon la règle immuable de la relation de cause à effet, jetons d'abord un coup d'oeil sur les statistiques des étrangers en Suisse.
On constate que:
-
l'essentiel
des étrangers est composé de
ressortissants de
l'ex-Yougoslavie démantelée
par l'Otan sous commandement américain (362.403 soit 24% des
étrangers), devant les italiens (322.203 soit 21,5%),
les portugais
(142.415 soit 9,5%),
les allemands (112.348
soit 7,5%), les asiatiques dont les pays arabes
(92.145 soit 6,1%),
les espagnols (84.559
soit 5,6%), les turcs (83.312
soit 5,6%), les français
(62.627 soit 4,2%),
les ressortissants d'autres pays européens (60.661 soit 4%), et
pour
l'anecdote les africains (49.873
soit 3,3%).
- que les plus fortes progressions sur les 20 dernières années concernent les ex-Yougoslaves (60.916 à 362.403 soit 595% dont au moins 170.000 kosovars en 1999 selon Martin Dahinden, Chef Adjoint de la Mission suisse auprès de l'OTAN, les portugais (18.943 à 142.415), les turc (38.626 à 83.312), les asiatiques (21.883 à 92.145), les africains (11.039 à 49.873), les américains (20.455 à 51.124), et .... les français (47.570 à 62.727).
- que les plus fortes baisses sont à l'actif des italiens (418.989 à 322.203) et des espagnols (107.510 à 84.559).
Voilà donc un premier constat qui interdit l'exportation de l'exemple suisse à la France ou à d'autres pays européens pour justifier les prochaines politiques annoncées de fermeture totale ou sélective des frontières aux africains, aux arabes ou aux asiatiques. Hélas ceci n'empêchera probablement pas l'utilisation du résultat de ce vote pour créer le climat nécessaire à l'acceptation d'une politique xénophobe dont la République est coutumière (cf La République xénophobe 1917-1939 [1] ).
Dans un second temps, il est nécessaire de se pencher sur les raisons de la présence des ex-yougoslaves en Suisse. La venue de ces populations n'a rien de l'attrait pour un eldorado. Elle est exclusivement due à la guerre des Balkans. Et son maintien à l'état de réfugiés est directement le fait de la gestion Onusienne voulue par la politique européenne alignée sur celle de l'OTAN. Ainsi, en rejetant cette immigration les suisses ont démontré qu'hospitalité et humanisme ne voulait pas dire famille d'accueil permanente pour délocalisés.
Les élans humanitaires médiatiques qui ont justifié l'intervention musclée de l'Otan et de la CEE dans les Balkans au prétexte de chasser le pouvoir en place et de réintégrer les populations meurtries n'ont pas été suivis des effets annoncés et l'indépendance est loin d'être au rendez-vous. Bien au contraire et cela devient une habitude. L'attitude de la CEE, particulièrement ambiguë a entériné la situation qui apparait maintenant comme une composante d'un plan prémédité de découpage et d'annexion des Balkans.
En effet, la guerre lancée dans les années 1990 par les albanais de l'UCK pour l'indépendance du Kosovo a été le déclencheur de l'intervention internationale. Or, l'UCK était en fait très certainement "encadrée" par les services secrets US et les groupes de renseignements britanniques et suisses dont on sait l'action en 1996 et probablement antérieurement (cf: Kosovo: War and Revenge de Tim JUDAH -2002 Yale University Press. New Haven, USA.). Quand la guerre s'est achevée, l'OTAN et les chefs serbes ont conclu un règlement de paix ou le Kosovo s'est trouvé sous tutelle des Nations-Unies. C'est comme cela que le french doctor Bernard Kouchner a été propulsé bâtisseur d'un nouveau Kosovo comme Paul Brener a été un peu plus tard administrateur de l'Iraq, avec les conséquences similaires que l'on voit.
Ainsi, les populations yougoslaves qui avaient fuit la "guerre civile" puis les bombardements de la coalition vers la Suisse n'ont pas pu réintégrer le pays du fait même de l'incapacité manifeste (et volontaire) de l'ONU à créer les conditions indispensables et annoncées au retour. Chassée dès la "paix" revenue, la quasi-totalité de la population serbophone a été contrainte de trouver refuge ailleurs tandis que le territoire devenait avec l'Albanie la plaque tournante de divers trafics en direction de l'Europe. Loin d'être résolue, la situation a empiré.
Bref, ceci ressemble singulièrement à une volonté de "délocaliser" définitivement ces populations suivant une logique implacable et préméditée. D'abord en "accompagnant" la guerre civile puis en intervenant avec les atrocités "collatérales" dont on se souvient et en installant une administration étrangère qui impose son mode de gestion des territoires, des ressources, de l'économie et des populations. Ensuite en poussant ces populations à la fuite et enfin, via la Suisse à les expulser pour nulle part. En somme un meurtre humanitaire sur fond de manipulation.
Ainsi, derrière ce vote c'est un aspect de la politique mondiale d'intervention sous couvert d'ingérence humanitaire et d'exportation "démocratique" qui trouve un éclairage révélateur. Les divers théâtres d'interventions de cette "ingérence" montrent que le facteur humain est un prétexte rapidement évacué en même temps que les populations que l'on est venu "sauver". Mais il y a pire encore. Le vote des suisses montre que le destin des délocalisés est définitivement scellé par ..... de futurs délocalisés potentiels. Car, si pour certains territoires au nationalisme vivace et à l'économie contrôlée ce sont les bombes qui se chargent de chasser les autochtones, pour d'autres c'est par l'économie de marché truquée et la paupérisation organisée que des populations entières devenues inutiles devront chercher refuge ailleurs, c'est à dire nulle part.
Note:
On peut visiter avec beaucoup de profit le site Collectif
Citoyen pour la paix au Kosovo-Metochie,
particulièrement la reprise de l'article de Michel
Chodussovski sur les conflits entretenus.
Actualisation:
Depuis la fin du conflit, le statut du Kosovo était en
demeure.
Le
Conseil de sécurité de
l’ONU jusque là en charge des
négociations avait retiré de son ordre
du jour le
projet
de résolution octroyant au Kosovo son
indépendance sous contrôle international
préparé par les États-Unis et
l’Union européenne.
La Russie s'y opposait et continue de le faire maintenant que cette
indépendance s'est "auto-proclamée" et que son
profit va à l'évidence à l'administration européenne.
Dès lors, ce sont les diplomates du Groupe de
contact international pour le Kosovo qui ont tenter de trouver un
compromis, encore que leur rôle visait plus à
organiser des négociations entre Belgrade et les
autorités kosovardes qu'à d'élaborer
les
paramètres du statut du Kosovo. De toute façon
les décisions prises par les membres du Groupe
de contact ne
s'imposaient en force de loi ni à l'ONU, ni
aux parties du conflit kosovar. Autant dire que le
bourbier créé était loin de
s'assécher.
Reste que la situation semblait ne pas convenir aux Etats-Unis qui
annoncait être décidé
à donner au Kosovo son indépendance d'une
manière ou d'une autre. Condoleezza Rice avait
même
affirmé que l'administration américaine
était prête à reconnaître
unilatéralement le Kosovo.
Comme l'écrivait prémonitoirement Piotr Iskenderov "Il
n’est pas exclu que débute, par la force,
« un
rassemblement des terres » autour de la « Grande
Albanie »
et de la « Grande Serbie », qui
s’accompagnerait dans le
même temps de la dislocation de la
Bosnie-Herzégovine, de la
Macédoine et du Monténégro.".
On constate aujourd'hui que la stratégie
"européaniste"
visant à intégrer et gérer directement
la province
kosovarde par l'Union Européenne - en fait la Commission
européenne - soutendait le scénario. De ce fait,
il se
confirme bien que l'opération
initiale portée par l'ONU
sous l'impulsion états-unienne avait bien pour but de casser
le
nationalisme yougoslave - et plus largement celui des provinces
balkaniques - pour incorporer la région sous administration
européenne. On constatera que l'exemple kosovar
est la
démonstration - sous une forme plus violente - de
la
même
finalité qui dépossède les autres
nations européenne de leur souveraineté et des
particularité de leur culture nationale, voire
nationaliste.
Une chose est sûre, les
"délocalisés"
kosovars ne sont pas prêts de perdre leur statut officieux
d'immigrés, "avec ou sans papiers".
Comme d'habitude et avec un cynisme certain, les supra-nations non
démocratiques qui se sont
octroyées le droit à l'ingérence pour
satisfaire
leurs visions
géopolitiques et économiques mondialistes,
n'ont pas de scrupules à effacer
les traces des inévitables
conséquences humaines qu'elles ont
crées, quand viennent se réfugier sur
leur
sol les populations délocalisées. En
renvoyant
les témoins indésirables et
gênants dans l'enfer
et la misère
que sont devenues leurs terres natales
dévastées et "mafiosisées"
puis colonisées,
elles bouclent la logique
qui montrent que le sort des populations n'est qu'un
prétexte humaniste et initial pour justifier leurs
interventions. C'est cette même logique qui fait
aussi correspondre le départ forcé d'un
dictateur
quelconque avec la fin du nationalisme local, l'installation
d'une tutelle sous les auspices mondialistes et la destruction
par
la misère, l'errance et le rejet des populations locales.
NB: Merci de signaler les liens inactifs. Une copie PDF de ceux-ci vous sera adressée.
[1] La République xénophobe - 1917-1939 - Pierre-Jean Deschodt et François Huguenin - Ed JC Lattès - 2001. (Bibliothèque Scandales-Corruption Livre 14)
Bibliographie:
Dans
les griffes des
humanistes
-
Stanko
Cerovic - 2001 - Edition Climats (Bibliothèque
Scandales-Corruption
Livre
16)