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LA MARSEILLAISE DES MARQUIS

Aussi funeste et annonciatrice de misères et de chaînes que soit notre époque par le seul fait des dirigeants de nos vies, elle recèle des trésors d'appel au réveil jusque là peu visibles.

La campagne électorale en regorge ne serait-ce que par la dramatique médiocrité des "poids lourds" qui veulent nous convaincre qu'ils incarnent notre pays, nos valeurs et … notre histoire sans avoir d'échantillons crédibles sur eux.
Ainsi, au milieu de ces perles d'incohérences enfilées comme on effeuille la marguerite pour découvrir son cœur nu, vient d'apparaître la course à la Marseillaise.

L'appel à ce symbole pourrait paraître pathétique s'il n'était aussi une "grauss" stratégie de pur marketing qui en dit long sur l'épaisseur des candidats.

A ce jeu, Nicolas Sarközy de Nagy-Böcsa n'est pas plus crédible que Marie-Ségolène Royal ou que François Bayrou. Seul le Celte de la Trinité y trouvera son compte (électoral) par simple effet miroir. Ce qui n'est objectivement que justice eu égard à la crédibilité que lui confer sur ce point un discours constant depuis cinquante ans et des positions en rapport, d'autant que la traduction de "sa" Marseillaise colle comme deux gouttes de sang aux paroles de celle qui devient le jingle des meetings électoraux.

Le contenu sanguinaire de notre hymne qui ne correspondait qu'aux nécessités de son époque et que tout un chacun trouve évidemment aujourd'hui barbare et déplacé met le microcosme des soutiens de Marie-Ségolène dans un embarras visible. C'est toute une philosophie à revoir en quelques jours dans un grand écart déchirant ou la prière tente de conjurer le mauvais sort que représenterait l'humiliation d'un humoriste insistant sur l'anachronisme d'une Royale chantonnant la Marseillaise en un raccourci sémantique d'une vérité saisissante.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les soutiens de Nicolas Sarkozy de Nagy-Böcsa ne sont pas mieux lotis. En effet, il n'est pas plus confortable de se ranger sous les fraîches couleurs tricolores d'un émigré de la deuxième génération, portant un patronyme qui aurait fait sortir la baïonnette au premier sans-culotte venu. De même, imaginez l'embarras de devoir entonner à ses cotés un chant révolutionnaire qui visait tout à la fois les porteurs de particules que la fuite à Varenne, quand on connait les origines vivantes du poulain et la fuite de son papa à l'arrivée des révolutionnaires sur "ses" terres hongroises. A chacun son grand écart pourvu que la cause rapporte.

Bref, puisque la première porte le nom de l'ancien régime (et le profil, quoi qu'on en dise) et le second porte celui de ses origines, ce sont bien les derniers que l'on aurait vu utiliser ce symbole si décalé et à haut risque pour eux qu'est le chant des révolutionnaires de 1792 qui à l'époque ne leur auraient pas fait de cadeaux. 

Le troisième larron est moins exposé à ce genre d'anachronisme, ce qui lui permet d'être plus à l'aise mais pas plus rassuré non plus tant il y a risque à ce que ses paroles d'aujourd'hui ne soient comparées à son parcours d'hier . On peut cependant lui concéder que si son attirance pour le monde politique l'a porté à rejoindre les rangs très bon-chic bon-genre du parti de Valéry Giscard d'Estaing, il n'a pas le même goût que son mentor pour les marquis à jabots et les boutons dorés. Ce qui ne veut pas dire que l'agriculteur-éleveur ne se révèle pas à l'usage un redoutable Fermier Général

Cela étant, on ne peut ignorer qu'il partage plus encore que les deux premiers la constante volonté de noyer le drapeau tricolore dans la bannière étoilée européenne. Ainsi, la Marseillaise qui ponctue le final de ses meetings électoraux ne serait plus l'hymne patriotique que l'on sait mais devrait être compris comme le chant folklorique suranné d'une des provinces de l'ouest de l'Europe.

On le voit, la légitimité des trois ténors à utiliser la Marseillaise est douteuse, voir assez proche du déguisement qu'utilisaient alors les agents du "parti de l'étranger". A ce propos, il n'est pas inutile de rappeler que l'hymne des Marseillais s'élevait au lendemain de la déclaration de guerre du 20 avril 1792 contre un double péril qui menacait la République: à l'extérieur celui de la coalition des Monarques et à l'intérieur celui du complot aristocratique. Si à l'époque les camps étaient identifiables, on constate aujourd'hui une fâcheuse tendance à utiliser le masque.  De fait, si les Monarques logent à Bruxelle et les aristocrates sortent maintenant de l'ENA on ne peut pas dire que leurs intentions aient changé.    

Certes notre époque est celle de la mystification, du double langage et du symbole à tout faire, mais nous ne sommes pas non plus obligés de marcher dans la combine.

Le tableau des ténors de la campagne électorale ne serait pas complet s'il n'y figurait pas, score annoncé oblige, Jean-Marie Le Pen à qui il faut bien volontier concéder la très lointaine antériorité de l'usage de la Marseillaise et du drapeau aux trois couleurs. L'honnêteté oblige aussi à lui reconnaître, que l'on soit pour ou contre lui, qu'il est le seul qui puisse prétendre avoir joint le geste aux paroles de la Marseillaise, notamment en ayant abreuvé "d'un sang impur" (c'était le point de vue des dirigeants de l'époque !) les sillons de nos ex-colonies et avoir défendu comme à Valmy l'intégrité de la République Française quand elle allait passer sous commandement et monnaie européenne.

Ainsi dans leur quête grotesque à se faire passer pour plus français ou républicains qu'ils ne le sont en réalité, les trois frères enemis habitués des fauteuils du pouvoir auront certainement offert sur un plateau la légitimité qu'ils dénient depuis toujours à Jean-Marie Le Pen. Il n'y aurait dès lors rien d'anormal ou d'injuste à ce qu'il en tire le bénéfice.

Au delà, si cette surrenchère sur fond de patriotisme d'opérette pouvait nous inviter à relativiser la portée et l'importance que nous donnons aux symboles et donc à ceux qui revendiquent hâtivement le droit de nous les imposer pour ne retenir que les faits, les cohérences et les actes, l'épisode "plus sans-culotte que moi tu meurs" n'aura pas été inutile.
De même qu'il n'est pas inutile de rappeler qu'une nation ne se définit pas par son identité mais par sa souveraineté. Sur ce point nous avons déjà une idée des .... traitres à la Nation.


Paul-Vincent PAQUET© Mars 2007
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